samedi 10 mai 2014

Un tour en Charente

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Tout commence à Récup'R, ce lieu de perdition bordelais où nous décidons de passer une journée à apprendre à rayonner une roue de vélo. 


Et puis, comme on a le temps, on décide, Javier et moi, de faire un tour de la Charente, histoire de savoir un peu où on habite depuis presque 3 ans. Ca tombe bien, il existe le Grand Huit Charentais, qui forme deux boucles cyclistes en Charente : l'une vers le Nord (Confolens, Ruffec), l'autre vers le Sud (Barbezieux, Chalais). On va l'adapter à notre sauce pour former un espèce de 9 qui passe par Barbezieux, Chalais, Confolens, Ruffec, Niort, Marans et La Rochelle.


Ce voyage est l'occasion de vérifier que la tendinite de Javier est belle et bien guérie; nous avons donc prévu des étapes assez courtes. La piste Roger Lapébie qui nous permet de sortir de Bordeaux, est une ancienne voie ferrée qui nous permet de commencer en douceur, avec le vent dans le dos et une piste assez plate. Comme c'est le printemps, nous avons l'occasion de constater que la renouée du Japon gagne du terrain (le nôtre) dès qu'on la laisse un peu tranquille... Nous croisons une cycliste qui pousse son vélo : elle a crevé mais il lui manque la pompe pour regonfler sa chambre à air! Nous lui prêtons la nôtre et l'aidons dans la réparation. Un deuxième promeneur à vélo nous croise et CRAC! perd une pédale. Nous sortons les outils et remontons la pédale défectueuse. Petit atelier improvisé...





Au niveau de Créon, nous passons voir si la brasserie Saint Léon est ouverte, mais non, ce n'est pas aujourd'hui que nous profiterons de leurs délicieuses bières faites avec l'orge cultivé par leurs soins...

Nous quittons la piste et bifurquons vers le Nord pour rejoindre la cité de Saint-Emilion. Ca grimpe dur sur les pavés, et nous laissons les vélos à mi-chemin, au pied de la cathédrale troglodyte.

Le village est une devenue une attraction touristique, et les petites rues sont remplies de boutiques où acheter un pied de vigne, et de bars à vin sans charme. Heureusement on retrouve un peu de calme dès qu'on fait l'effort de s'éloigner.




Première nuit au camping (sans charme) de Saint Emilion. A noter qu'il accorde un tarif réduit aux pèlerins de Saint Jacques (la voie de Tours semble passer par là). La prochaine fois, on se baladera avec un coquillage...

Le lendemain, sous les averses, nous passons parmi les vignobles de Pomerol. La région est très belle mais très peu peuplée; nous voyons surtout de grosses maisons isolées et nous perdons un peu sans les villages comme points de repère.

la future voie verte Paris-Bordeaux en travaux
A Guîtres nous pique-niquons à l'abri de l'ancienne gare. Un train à vapeur touristique fait toujours le parcours jusqu'à Marcenais, mais à cette époque de l'année il ne fonctionne pas. Une petite pluie fine et pénétrante tombe depuis le matin, mais nous sommes bien protégés et la thermos de thé suffit à nous réchauffer. Le chemin se poursuit à travers bois jusqu'à Clérac. Là commence la voie verte de Haute Saintonge, qui prend le nom de Galope Chopine en Charente, encore une ancienne voie ferrée goudronnée qui rejoint Barbezieux en 35 km.


des explications sur la voie ferrée qui existait à partir de 1869

concours de moustache


La piste est jalonnée de lampisteries, des petites cahutes qui permettaient de stocker l'huile des lampes loin des gares et éviter les incendies. C'est dans l'une d'entre elle que nous trouvons refuge pour la soirée. Un bon plan pour faire la cuisine abrités et faire sécher les affaires!


Quelques bémols à cette voie verte : des passages abîmés par les racines, et surtout des arrêts à chaque croisement de route, si petite soit-elle : un stop au croisement d'un chemin de terre... vraiment, c'est nécessaire?
cédons le passage aux randonneurs
Arrivés à Barbezieux, nous nous accordons un bon repas au resto, puis nous mettons en quête d'une recharge de gaz. Encore une galère avec ce brûleur CampingGaz qui n'est pas compatible avec les bonbonnes à percer... Puis c'est le Grand Huit Charentais qu'il faut trouver, et il est très mal indiqué à la sortie de la ville. Heureusement pour la suite du voyage nous avons pu nous fier aux panneaux indicateurs sans avoir à sortir la carte. C'est bien agréable!
la fin de la Galope Chopine est un peu brutale

La partie sud du Grand Huit nous fait passer par des forêts de pins assez monotones. Nous pensons dormir à Brossac car nous avons vu sur la carte qu'il y avait un centre de plein air. Il y a effectivement un joli petit lac, et le centre balnéo est ouvert, mais ce n'est pas le cas du camping. On opte donc pour une seconde nuit en tente à l'arrache, dans un champ quelques kilomètres plus loin. Nous sommes bercés par le bruit de la pluie et des vaches...

Nous repartons tôt le lendemain, sous la pluie intermittente. A Chalais, et bien que ce soit jour férié, nous avons le plaisir de trouver une boulangerie ouverte, et surtout un vendeur de fraises! Délicieuses! Nous petit-déjeunons sous un abribus, au bord du chemin.
peu de commerces dans les villages, mais toujours du pain!


La véloroute nous emmène à Aubeterre-sur-Drône, très joli village que nous connaissons déjà. Promenade dans les rues pavées, entre les maisons à colombage, puis nous repartons.

Nous visitons l'église troglodyte de Gurat. Moins impressionnante que celle d'Aubeterre, elle a néanmoins le charme de l'abandon : pas de guichet, pas d'audioguide, pas de boutique souvenirs, elle nous laisse libre d'imaginer pourquoi et comment elle a été construite.
l'église de Gurat creusée à même la falaise, au pied des habitations



le chemin qui mène à l'église
Dans ce même village, une publicité pour un camping à quelques kilomètres nous fait de l’œil. Chance, il est ouvert! Petit détour en Dordogne pour une douche chaude et un coin au sec. Le camping a été racheté par un jeune couple qui veut le réhabiliter. Après la piscine, ils s'attaquent aux sanitaires. On patauge un peu dans la gadoue, mais on peut faire à manger bien à l'abri dans la salle commune.

Le paysage se fait plus vallonné, avec des architectures typiques du Périgord. A Villebois-Lavalette le circuit nous fait faire le tour du château, histoire d'en prendre plein la vue.



le château de Villebois-Lavalette



Les vaches et les prés ont maintenant bien remplacé les bois d'exploitation, c'est la Charente-limousine! Nous dormons au confortable camping des gorges du Chambon, en regardant la pluie tomber en buvant un petit pineau auprès du feu. C'est notre récompense après la grimpette! Le lieu est magnifique et nous nous promettons d'y revenir pour profiter des randonnées qui ne manquent pas.

Pour le 6ème jour de voyage, nous avons enfin un temps correct, malgré le vent qui est contre nous! Nous rejoignons Confolens en passant par les lacs de Haute-Charente (retenues d'eau et parc de loisirs de plein air), et nous nous payons le luxe d'une chambre d'hôte coquette chez une anglaise. La recherche d'un resto décent se solde par contre par un échec : pas une seule gargote sympa en vue, que des vieux trucs glauques avec personne dedans.

bucolique lac de Haute-Charente


la Vienne près de Confolens
Nous bifurquons maintenant vers l'Ouest (et le vent aussi, chouette!), toujours sur le Grand Huit. La bonne surprise est que nous rejoignons une ancienne voie ferrée qui reliait Ruffec et Angoulême via Champagne-Mouton. Il en reste un magnifique viaduc et un chemin de terre en bon état sur quelques kilomètres, plat et ombragé. Celui-ci nous mène jusqu'à Nanteuil-en-Vallée, encore un joli village (d'autant plus pittoresque qu'il y a un vide-grenier ce jour-là) où l'on peut visiter une ancienne abbaye.
l'église d'Alloue

le viaduc de Moulin-Robin sur l'Argentor

Ruffec au contraire nous parait austère et désertée, nous ne ferons donc qu'y passer. Nous y quittons le Grand Huit qui redescend au Sud vers Angoulême, pour tracer notre propre route vers l'Ouest. Le paysage se transforme alors que nous passons dans les Deux-Sèvres : paysage plat de champs en open-field. Nous nous perdons un peu à cause de la LGV en construction qui modifie le tracé des routes et rend notre carte complètement obsolète.

Toujours par soucis de prendre le plus possible de véloroutes et voies vertes, nous rejoignons le Ruban Vert qui va de Melle à Prahecq, en banlieue de Niort. Et là, c'est le drame. Le chemin est facile à trouver à Melle, et très agréable : chemin de terre plat et ombragé, comme toujours quand il s'agit d'une ancienne voie ferrée. Mais au niveau de Celles-sur-Belle, le chemin est interrompu, sans indications sur la direction à prendre pour le retrouver à la sortie de la ville! Nous faisons deux fois le tour du bourg, demandons à un riverain, nous perdons, puis finissons par nous retrouver sur la rocade qui contourne Celles, au milieu d'un convoi de camions transportant des pales d'éoliennes! Finalement nous trouvons la suite de la voie, pas indiquée, beaucoup moins entretenue et assez monotone. Un projet qui semble avoir été abandonné en cours de route...



la gare de Melle a été transformée en centre d'accueil pour les enfants

la voie est bien indiquée, et semble ininterrompue sur 15 km...


la réalité de la piste à Celles-sur-Belle
ceci est une pale d'éolienne

la piste interrompue à Celles-sur-Belle

et sa reprise (pas indiquée)
 L'entrée dans Niort est assez tranquille, même si elle semble ne pas finir. Là encore, on se fait plaisir : hôtel et resto. La nuit est tiède, les gens ont décidé d'en profiter comme nous et les terrasses sont pleines. C'est agréable de retrouver de l'animation après le désert démographique que nous avons traversé!
petit dej
Nous commençons maintenant la dernière étape du voyage, placée sous le signe de l'eau : le long de la véloroute 43 (ou Vélo Francette comme on l'appelle maintenant), nous longeons la Sèvre Niortaise pour rejoindre le canal de Marans qui nous mènera jusqu'à l'océan!

sortie de Niort
La sortie le long de la Sèvre est magnifique, nous croisons beaucoup de joggeurs et de promeneurs. Nous suivons les panneaux "Océan" qui nous mènent au cœur du Marais Poitevin, où nous retrouvons mes oncle et tante Jackson et Michèle pour un pique-nique gastronomique et une balade en barque au milieu des canaux.



dans le Marais Poitevin
Le mauvais temps finit par nous rattraper quand nous traversons la Sèvre pour passer en territoire vendéen. Comme nous l'avons déjà remarqué sur d'autres pistes, le balisage de la véloroute change également avec le département, ce qui est un peu déstabilisant. La bruine s'infiltre sous notre capuche et nous  apprécions un peu moins le paysage... Notre refuge pour la nuit sera le petit terrain municipal de Damvix, que nous partageons avec une famille qui voyage en roulotte tirée par un cheval. 

Dernière journée dans les "marais secs" vendéens, en suivant les méandres de la Sèvre jusqu'à Marans. De jolies maisons jalonnent la route par ailleurs assez monotone (et le vent n'arrange rien).

à Marans
Vélodyssée!
A la sortie de Marans nous retrouvons la Vélodyssée (EV1) le long du canal de Marans. Ca roule bien, c'est joli, mais malheureusement les panneaux nous font s'éloigner du canal pour des raisons inconnues. Nous ne sommes plus protégés du vent et en plus, il recommence à pleuvoir! Le boulevard annoncé pour entrer dans La Rochelle n'est donc qu'une légende sacrifiée par les villages autour de La Rochelle qui ont sans doute voulu leur part de vélotouristes...
Néanmoins on retrouve le canal voulu par Napoléon à l'entrée de la ville. Le chemin borde une falaise en bas de laquelle on devine l'eau. Des panneaux explicatifs nous laisse rêveurs : 80 pour achever un canal de 24 km, qui devait à l'origine aller jusqu'à Niort et qui n'a jamais rencontré le succès commercial escompté.




Nous croisons nos premiers cyclotouristes du voyage, nombreux sur cette eurovéloroute qui s'étend sur 1400 km en France seulement, et qui rejoindra le Cap Nord au Portugal. Une petite crêpe sur le vieux port et nous repartons sous le crachin pour notre destination finale : Châtelaillon, où nous attend un comité d'accueil de marque!
sur la plage de Châtelaillon avec Swan et Francine
La fin après 545km !