lundi 10 septembre 2012

Bruges la romantique, Gand la rebelle, Bruxelles la relax


Après la Hollande, la Belgique, donc. La transition se fait en douceur, le long d'un canal ombragé qui relit Sluis et Bruges. Aucune trace de frontière, pas de changement de langue (ou si peu que nous, pauvre Françaises, ne nous en rendons pas compte). Nous trouvons le camping à la périphérie de Bruges avec l'appréhension de devoir payer cher, mais non, le prix est très correct. Beaucoup de caravanes et un coin tentes minuscule et à la touche-touche. L'ambiance est détendue, il y a beaucoup de jeunes Français. Parmi eux, Sarah et Vincent, qui partent pour trois semaines en pass InterRail. Bruges est leur premier arrêt et ils sont marqués par des choses auxquelles nous sommes déjà habituées: le flux de vélos, les ponts qui se lèvent pour laisser passer les bateaux, l'architecture,... Nous partons pour un premier aperçu de la ville la nuit. Nous arrivons pendant un concert de carillons, du Bach et des mélodies populaires sur les 17 cloches du Beffroi, sur une place magnifique et quasi déserte. Pour décrire l'ambiance sonore, il faut aussi ajouter le pas des chevaux de calèches, celui des gens sur le pavé, le tout renvoyé par les murs. 
bière de Bruges
La journée du lendemain se passe en flânerie dans les rues, cette fois-ci plus remplies et vivantes. Il y a du touriste, mais moins qu'à Amsterdam, en tout cas dès qu'on s'éloigne des artères principales. La vieille ville est effectivement très belle et surtout presque entièrement inchangée depuis le XVIe siècle. Pour la petite histoire, Bruges était un port jusqu'au début du XVIe siècle, puis la connexion à la mer s'est ensablée, le commerce a périclité et la ville s'est endormie. En 1892, le livre "Bruges la Morte" la décrit comme une ville noire, pauvre et moche. Les gens du coin n'apprécient pas trop, mais les touristes trouvent ça romantique et commencent à affluer. En 2009, rebelote avec un film cette fois: "In Bruges". Apparemment le héros déteste la ville, mais comme c'est un film romantique Bruges attire encore plus de monde. Personnellement, je n'ai ni lu le bouquin, ni vu le nanar.
Visite obligée au Groeningen Museum, qui contient une bonne collection de tableaux des Primitifs Flamands: Jérôme Bosch, Jan Van Eyck et d'autres. 




A 50 km de Bruges, changement total de décor à Gand (ou plutôt Ghent en flamand). Ici ce sont les graffitis qui sont mis à l'honneur, même si la ville possède aussi de beaux bâtiments XVIè et un château fortifié. On ne restera pas longtemps, juste assez pour manger des frites et goûter au bonbon local, le cuberdon (un délice). Petit tour dans les rues qui ont vu naître Charles Quint, avant de prendre le train.




Nous voilà donc à la fin de notre voyage, qui se termine en beauté par une dernière capitale: Bruxelles! Nous sommes logées chez Vincent, un cousin de Marion, dans le quartier très vivant de Saint Gilles. Dès notre arrivée nous nous retrouvons dans un bar à regarder un match de foot: ce soir la Belgique affronte le Pays de Galle. Ambiance chauffée à blanc, entre les supporters et les piliers de bar du Louvre, bar de quartier en face du parvis de l'église Saint-Gilles. Et pour finir la soirée en beauté et fêter la victoire des Belges, nous nous offrons des frites à la carbonade, un pur délice!

Le lendemain, sous un soleil de plomb, nous marchons vers le centre en passant par le quartier des antiquaires. Le Musée des instruments de musique (Mim) vaut vraiment le coup, rien que pour sa façade art nouveau. Quant à la visite, deux heures nous auront à peine suffi pour faire un étage du musée, celui dédié aux instruments populaires: vielles, flûtes, tambours, accordéons, crécelles, etc... La particularité de ce musée est que l'on peut écouter à peu près tous les instruments exposés, grâce à un audioguide qui nous est remis à l'entrée. On peut donc passer des heures à écouter des extraits musicaux de centaines d'instruments!
A la sortie nous dégustons une gaufre de Liège et allons faire un tour dans le centre, les galeries aux boutiques hors de prix, le Manneken-Pis et sa copine la Janeken, et bien sûr de bonnes bières!
Ce week end là, c'est la fête de la BD et nous nous retrouvons à la nuit tombée devant le palais pour un petit son et lumière sur la façade. Voilà ce que ça donne:
Nous restons encore le lendemain dimanche pour chiner au marché au puces et goûter au stoemp, sorte de purée patates/carottes assez fade. On profite surtout de la fin du marché pour récupérer tout un tas de bricoles sauvées de la poubelle... L'après-midi se déroule tranquillement au parc, sous le soleil, avant un bon repas et une dernière bière au Moeder Lambic, le bar le plus fantastique que je connaisse. Pour essayer de restituer l'ambiance, imaginez-vous un soir de semaine, il est trois heures du matin, il fait bon, le quartier est calme. Vous vous installez sur une table en terrasse, et le patron arrive: "Bonsoir messieurs dames, qu'est-ce que je vous sers?" Ici vous avez le choix entre plus de 1500 bières, et le patron les connait toutes. On teste donc plusieurs "vieilles brunes flamandes", de la lambic, et d'autres bières de micro-brasseries. Mais attention, interdit de commander une bière commerciale genre Leffe, vous aurez droit direct aux gros yeux!
Dernière vue sur la ville depuis le toit de l'immeuble de Vincent, avant de boucler les sacoches et de nous préparer à rentrer en France...

mercredi 5 septembre 2012

Amsterdam, les Shadocks et la Haut-Lande

les hollandais aiment les fleurs
Une journée est suffisante, à mon avis, pour saisir le caractère d'Amsterdam. Des canaux, de vieilles bâtisses, et surtout beaucoup de boutiques pour touristes! C'est bien sûr ce qui fait le charme de la ville, en particulier les coffee shops qui fleurent bon la weed à chaque coin de rue. Mais on se lasse vite de tous les touristes, et du côté consommateur de toutes les boutiques à souvenirs. On fera une exception pour le marché aux tulipes, qui possède une quantité impressionnante de bulbes différents, et également un large choix d'autres plantes. 
Une petite parenthèse en passant: on trouve en Hollande (et seulement en Hollande), un arbre particulier dans presque tous les jardins. Il est mis en valeur comme un roi, c'est un peu l'équivalent du cèdre en France. C'est arbre, c'est l'araucaria, ou pin du Chili. Oui, il pousse de façon endémique dans le sud du Chili, et je ne l'avais jamais vu autre part, sauf dans des jardins des plantes!
toute mon enfance sur les pavés d'Amsterdam
A la nuit tombante, nos hôtes nous proposent une balade instructive. Comme je l'ai écrit auparavant, Paul est ingénieur à l'office de l'eau ("water board") et est passionné par son métier. Il faut absolument qu'il nous fasse comprendre l'importance des pompes aux Pays-Bas. Nous allons donc d'abord voir un ancien moulin qui servait à pomper l'eau des canaux de niveau bas vers un niveau plus haut, l'eau des canaux les plus hauts étant finalement déversée dans la mer. Effectivement, la plupart des moulins hollandais ne servaient pas à moudre le grain, mais à pomper ou assécher. "Pour chaque goutte de pluie qui tombe, on doit en pomper deux!" Il y avait dans la banlieue d'Amsterdam un grand lac; 16 moulins à vents ont été construits afin de l'assécher, mais sans résultat. Il a fallu attendre les moulins à vapeurs (de construction anglaise) pour en venir à bout. Nous poursuivons donc notre balade en direction d'une ancienne pompe à vapeur, un magnifique bâtiment en brique avec une grande cheminée et des créneaux qui lui donne un air de château fort. Malheureusement, personne ne veut l'acheter car il est classé et il faut pouvoir l'entretenir. Le clou de la visite est la pompe flambant neuve qu'a construit l'équipe de Paul. Tout est au ras du sol, au moins ça ne dénature pas le paysage. Il ne reste que deux moulins à vent en activité, et Paul espère bien les remplacer très vite.

Le lendemain, nous repartons sur les routes, ravitaillées en cartes empruntées à Paul. Nous rejoignons la côte ouest pour la suivre vers le sud. Le changement de décors est radical: les canaux et les moutons sont remplacés par des dunes de sable et des bosquets et pins ou de chênes. Il y a même de bonnes montées! Il faut dire que nous sommes sur la partie haute des Pays-Bas: plus de digues mais de longues plages de sables et des stations balnéaires moches, on pourrait se croire sur la Côte Sauvage! Comme nous sommes hors-saison, nous ne croisons que des retraités en vélos électriques. Il y en a beaucoup, et se demandent pourquoi deux françaises de la côte Atlantique viennent passer leurs vacances par ici... Les campings à la ferme se raréfient au profit des énormes campings multiservices et multiétoiles. Qu'à cela ne tienne, on ne paiera pas. 
Le 4 septembre, c'est mon anniversaire. Nous avons droit à un brouillard épais qui laisse la place à un soleil magnifique. On s'offre des harengs fumés et des poissons marinés ou frits, délicieux. Quand le vent nous laisse tranquille, nous roulons assez vite et on se surprend à faire plus de 100km en une journée! Nous arrivons donc assez vite sur les îles de Zeeland avant de prendre un ferry pour rejoindre Sluis, à la frontière belge.

dimanche 2 septembre 2012

la Hollande, les moutons, les digues, etc.

Tous les clichés sont là: le champ de marie-jeanne au bord de la route, la pluie et le vent, les canaux dans les villes, les moulins à vent, les digues... on aura juste manqué la saison des tulipes pour que le tableau soit complet! On apprécie aussi les petits campings pas chers à la ferme (camping sauvage interdit oblige), la cordialité des gens, les gâteaux à la crème, le soleil qui éclaire les polders d'une manière étonnante, on se croirait parfois en Camargue. Le pays est quadrillé de pistes cyclables, on emprunte souvent le chemin des moutons. On croise peu de cyclotouristes, mais pas mal de gens du coin qui nous sourient avec compassion.
Il faut signaler un gros défaut tout de même: les offices de tourismes ne sont là que pour vendre des souvenirs, et TOUTES les cartes sont payantes, même les plans de ville. Il faut batailler pour obtenir un renseignement des guichetières démotivées. 
fricadelles en libre service
écriture du carnet de bord

L’arrivée à Amsterdam fut épique, mais nous avons réussi à retrouver Paul vers 21h30, après 75 km en une demi-journée! L'accueil fut chaleureux, le lit douillet à souhait après un mois de camping. Paul est ingénieur dans la gestion de l'eau, un gros boulot dans ce pays: pour chaque goutte d'eau qui tombe, il faut en pomper deux. Il y a encore deux moulins à vent qui remplissent cet office, sinon ce sont des pompes. De sa compagne polonaise Iwona, on en apprend un peu plus sur la Shoah hollandaise (mais oui au fait, qu'est-ce qu'il s'est passe ici pendant la dernière guerre?). La Hollande a été envahie par les allemands et 90% des juifs déportés. Elle a ensuite été libérée par les alliés, et en particulier les polonais.